mercredi 23 novembre 2011

19. Les larmes de crocodile.

But not missing you is useless too.

Manque incontestable qui gît en moi comme un cadavre gît sous terre. Damnée, j'essaye de ne pas ressentir le vide que tu as laissé en moi le jour où je suis partie.

Incohérence. Je suis partie. Tu me manques. Ah. Je suppose que la contradiction fait partie du jeu.

Toutefois, malgré le trou béant que tu as façonné en mon cœur, s'il m'était donné le pouvoir de remonter le temps, je referai les même erreurs, sans la moindre hésitation. Je revivrai les moments de doute et d'incertitude, les longs silences de plusieurs jours voire semaines, les pleurs étouffées dans l'oreiller les soirs où tu m'auras repoussé, les regards accusateurs... Je reprendrai volontiers les déjeuners au restaurant, les blagues vaseuses, les rires gras, les journées à se prélasser au soleil, les nuits dans tes bras, les soirées à s'épuiser jusqu'au petit matin, les discussions sérieuses sous alcool. Chacun de ces moments...  sans exception. Le manque m'apprend à grandir. Du moins, je crois.

Pourquoi je ne te manque pas, à toi ?

J'essuie du revers de la main les larmes que tu as posé sur mes joues. Probablement des larmes de crocodile. Vous êtes forts, vous, pour jouer au crocodile.
Je déteste les crocodiles.

dimanche 20 novembre 2011

Interview #1

Et voilà, j’ai dépassé les trois mois au Yukon ! Woop woop ! Pour l'occasion, une mini auto-interview écrite sous le signe de l'humour.


Il est dit que passer trois mois dans un territoire comme le Yukon est une preuve incontestée de son appartenance à cet endroit. Quels sont vos ressentis pour cette étape bien particulière ?
Et bien je suis très heureuse d’avoir survécue à ces premiers mois dans le bout du bout du Monde. Nous entrons maintenant dans la phase très critique de l’hiver Yukonnais, auquel je compte bien survivre également. Car il est également dit qu'une personne capable de passer un hiver au Yukon devient un véritable Yukonnais !

Parlez-nous justement de l’hiver Yukonnais.
Oh vous savez, rien de bien inquiétant. Des températures atteignant des pics négatifs impressionnants et de très courtes journées. Mis à part cela, la vie suit son cours…

Le froid ne vous fait-il pas froid dans le dos?
Et bien, aussi incroyable que cela puisse paraître pour certains, non. Nous avons déjà dépassé les -30°C ce qui correspond me semble-t-il à un -45°C ressenti, avec le vent. Mes poils de nez se gèlent dès que je vais dehors, ainsi que mes cils passé un certain moment à l’extérieur. Je ressens également une sensation de compression au niveau des poumons. Et je n’ai jamais eu autant de cheveux blancs que depuis que les températures ont dégringolé. Mais habillés convenablement, le froid peut se combattre. Ici, l’air est sec; par conséquent, le froid se fait moins difficile que dans d’autres régions. Un -30°C ici ne ressemble en rien à un -30°C en France ou au Québec par exemple. De toute façon, personnellement, je pense qu'il est plus facile de faire face au froid qu'à la canicule ! Il suffit de jouer le rôle de l'oignon.

Il est dit que le taux de suicide est plus élevé lors des périodes de courtes journées. Qu’en pensez-vous?
Le noir peut-il être responsable du taux de suicide? Oui, je pense. Lorsque les journées sont courtes, le comportement et l’humeur des gens varient. Nous aurons tendance à être plus facilement enclin à la dépression du fait de l’obscurité. Le tout est de ne pas se laisser abattre par l’obscurité et de ne pas se laisser assommer par cette dernière. La vie doit continuer, même dans le noir! Le soleil se couche actuellement à 5:30pm pour se lever vers 9:00am; la journée la plus courte (celle où la nuit polaire se produit plus au Nord) se trouve être ici le 21 décembre, journée durant laquelle le soleil ne se lève que pour quelques heures. C'est excitant !

Pour finir, avez-vous des conseils pour survivre à l’hiver?
Survivre? Quel drôle d'idée ! Et bien, je ne serai pas très originale: sortez couvert! Plus sérieusement: ski de fond, ski alpin, raquette, hockey sur glace, luge, magic carpet, quinzee, igloo, sculpture de glace, chiens de traîneau, snowboard, sources d'eau chaude (…) autant d’activités qui rendent l’hiver bien plaisant malgré le froid et l’obscurité ! Ajoutez à cela un soupçon de camaraderie, des soirées autour d’un feu de camp, des aurores boréales, et de franches rigolades et le tour est joué ! 

vendredi 18 novembre 2011

Photos #12 : Hidden Lakes ²

Hidden Lakes - Whitehorse, Yukon, CANADA.

vendredi 11 novembre 2011

18. L'Upper Riverdale Trail.


Sous mes pas, le bruit sourd de la neige qui s'écrase. Je foule cette poudreuse blanche à en perdre haleine, un vague sourire à l'âme. Les sentiers de Riverdale n'ont plus de secret pour moi, ils sont miens. Il m'est même arrivé de les fréquenter de manière plus délicate, skis de fond aux pieds.

Aujourd'hui, le soleil s'offre à moi; il m'invite à l'évasion. Musique dans les oreilles, je m'effondre sur cet imposant et invitant tapis de neige. Les yeux grands ouverts sur ce ciel d'un bleu profond, les reflets du soleil dansent devant moi, le froid rafraîchissant m'emportant loin d'ici.

En cette date, à cette heure précise, j'imaginais un gros vacarme qui réveille les morts. Un gros boom incessant qui nous rappelle tous à l'ordre. Quelque chose de grandiose, quelque chose d'effrayant. Mais à la place de cela, il n'y eut que le silence des frêles flocons se posant sur mes paupières alourdies par l'oubli. Et le silence bien trop bruyant de mes pensées. Quelque part, je m'en foutais. Moi, tout ce que je voulais justement, c'était oublier. L'oublier. Mais dans le fond, comment me serait-il possible d'oublier alors que les étendues de blanc qu'il aime tant s'offrent à moi ?

Le froid rend ma respiration haletante. Bientôt, mes larmes gèleront. Et dans un espoir, elles se briseront.

jeudi 3 novembre 2011

17. Tricks or treats.

En toute fin d'après-midi, la pénombre commence à envahir notre petit quartier; il est grand temps d’aller compter le nombre de morts vivants. Ni une ni deux, costumées mais emmitouflées dans nos grosses vestes, nous mettons le nez dehors. Que la chasse commence ! Et si certaines maisons n'ont que la lumière de leur porche allumée en signe de participation, d'autres usent de décorations digne d'un film d'horreur. Très peu n'en ont que faire de cette fête ici, en Amérique du Nord. Et la récolte est donc massive. Les filles crapahutent, leur sac de bonbons à la main, le sourire jusqu'aux oreilles. A peine une heure plus tard, il est l'heure de rentrer, la nuit noire ayant faite son apparition.

L'insouciance d'être un enfant me manque terriblement.

Il y a cette phrase, qui tourne en boucle dans mon esprit dernièrement:
People aren’t schmucks until you leave .
J’avoue que ce n’est pas une pensée très positive en ce jour de fête, et pourtant, il s'agit d'une réalité. Les gens ont bien trop souvent cette impression que dans ta décision de partir, il y a ce désir de leur tourner le dos. Foutaises. Je n’oublie pas mon passé, je ne fais que construire mon présent.