vendredi 30 septembre 2011

Photos #7 : Grey Mountain.

Grey Mountain - Whitehorse, Yukon, CANADA.

mercredi 28 septembre 2011

Intermède #3 : Aurore boréale.



Qu’est-ce qu’une aurore boréale ?
Non, il ne s’agit pas de l’invasion des extraterrestres.

« Une aurore polaire (également appelée aurore boréale dans l’hémisphère nord et aurore australe dans l’hémisphère sud) est un phénomène lumineux caractérisé par des sortes de voiles extrêmement colorés dans le ciel nocturne, le vert étant prédominant. Provoquées par l’interaction entre les particules chargées du vent solaire et la haute atmosphère, les aurores se produisent principalement dans les régions proches des pôles, dans une zone annulaire justement appelée « zone aurorale » (entre 65 et 75° de latitude). »*

En d'autres mots bien moins scientifiques, une aurore boréale est un somptueux spectacle que nous offre parfois le ciel du Yukon. Deux jours maintenant que la magie opère au plus haut point. La panoplie de couleurs que la belle Aurore nous offre est intense; cette fois-ci, elle ne se contentera pas de remplir nos prunelles d'un vert électrique mais y ajoutera des nuances de violet et de jaune. Il ne s'agira pas seulement d'une traînée de poudre verdâtre dans le lointain paysage, mais d'une étendue de féerie de toute part. Aurore semble nous enlacer jusqu'à l'étouffement, nous envelopper de ces longs cheveux aux couleurs vivifiantes. La danse rapide et rythmique qu'elle entreprend nous laisse imaginer une musique entraînante. Près d'un feu de camp, nous l'avions longtemps attendue ces derniers jours, parfois même jusqu'à l'insomnie. Les guimauves noircissaient, les bières se vidaient, les bananes se brûlaient, le temps se faisait languissant et accueillant. L'attente en valait largement la chandelle. Pour rien au monde je n'échangerais ces longues heures de patience à guetter l'horizon jusqu'au torticolis. Et jamais mes prunelles ne se fatigueront d'observer ce spectacle.

mardi 27 septembre 2011

Photos #6 : Caribou Mountain.

Caribou Mountain- Carcross Valley, Yukon, CANADA.

lundi 26 septembre 2011

11. Skagway et la Klondike Highway.


L'exploration des environs continue.

Nous sommes retournés en Alaska. Cependant, la route que nous avons emprunté n'était pas la même; cette fois, nous roulions sur la Klondike Highway. Le paysage était toutefois tout aussi époustouflant. J'aurais pu agrémenter le trajet de oh! et de ah! mais il semblerait que mes émotions se sont faites à l'idée de ne voir que beauté depuis peu.
Skagway est une ville très touristique l’été, et les touristes y arrivent par gros cargos. Cette ville faisait partie du parcours des pionniers à l’époque de la ruée vers l’or et, parfois, l’impression que le temps s’y est arrêté se fait ressentir; la plupart des bâtiments ont gardé leur apparence d’origine. L'air frais y est très plaisant.

La semaine suivante, je suis partie à la conquête de Caribou Mountain en compagnie d'un ami, Marin. Ce mont se situe sur la même route empruntée la veille, à moins d'une heure de Whitehorse. Du sommet, il est possible d'apercevoir le lac Bennet, le lac Emerald, ainsi que le lac Spirit. C'est indescriptible tant c'est magnifique. A l'affût de la faune, nous avons pu apercevoir des moutons des montagnes, bien que ceux-ci nous ont rendu la tâche difficile. Plus tard, j'ai pu me ravir d'observer la vie d'un petit tamias, charmant petit rongeur de la famille des écureuils. J'aurais aimé pouvoir le mettre dans ma poche tellement il était attendrissant. Une fois arrivé au faux sommet, la neige recouvrait le sol. Après un petit pic-nique, nous avons entrepris de redescendre le mont, ce qui n'était pas une partie de plaisir pour les deux estropiés que nous sommes ! Sourires jusqu'aux oreilles, nous reprenions la route vers la ville après un petit détour vers Carcross Desert, le plus petit désert du monde. Qui aurait cru qu'il y avait un désert au Canada ?! Certainement pas moi... je vais de surprise en surprise dans cet espace qui me semble infini tant il a à offrir.

samedi 17 septembre 2011

Photos #5 : Skagway.

Skagway - Alaska, USA.

vendredi 16 septembre 2011

10. De Whitehorse à Montréal.

Tout s'écroule tout autour de moi. Les murs s'effritent; les arbres s'effeuillent; les gens s'en vont. Un claquement de doigt et je fais de mon monde un enfer. Un claquement, un seul. Une image. Rien qu'une. Celle d'un homme au regard dur et inquisiteur. Ce regard que je connais si bien pour l'avoir fréquenté en privé pendant près d'une année. Ton regard. Il ne m'appartient plus. Il est aux autres maintenant. Et à ce nouveau monde qui s'offre depuis près d'une semaine à toi.

Depuis que tu as posé les pieds sur mon territoire, mon Canada, mon moral est au plus bas. J'avais tellement, par le passé, imaginé cet instant; j'avais tellement espéré qu'il serait notre. Semaine après semaine, innocemment, j'avais enfermé en mon coeur un espoir toujours plus imposant. Mais le jour où ce dernier s'est échappé, tu l'as laissé s'en aller. Tu m'as laissé m'en aller... tu m'as offert tes larmes et m'as regardé te quitter sans essayer de me rattraper. Je ne me suis pas retournée, par peur de ne déjà plus te voir. Je me souviens de tes mots au goût d'espoir; tu vas me manquer, tu vas vraiment me manquer, tu me manques déjà. Et je m'y suis accrochée.

A vol d'oiseau, 4247 kilomètres nous séparent actuellement l'un de l'autre. Certes, c'est moins que les 7929 kilomètres qui nous séparaient il y a quelques jours de cela; et pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi loin de toi. Jour après jour, tu me files entre les doigts, tel un filet d'or au milieu d'une poignée de sable. Les silences se font plus longs. La distance se fait plus présente. Je ne suis plus qu'une pierre à ton édifice, pierre polie par le temps, pierre devenue inutile et incompatible à ton présent.

Ce souvenir, aussi ridicule soit-il, je le voulais mien. Mais il est sien. Et murée dans mon silence, je pleure. Je te pleure.

jeudi 15 septembre 2011

Intermède #2 : Josée Fortin.

Ce texte a été écrit par Josée Fortin et publié dans l'Aurore Boréale, le journal francophone de Whitehorse. Ce texte m'a beaucoup plu et je me retrouve dans ce qu'il y dit, je souhaitais donc le partager avec vous.

Pourquoi le nord? Pourquoi ici et nulle part ailleurs?  
Vous serez d'accord avec moi qu'il existe un certain type de voyageurs qui vient visiter les contrées nordiques et qui plus est vient y vivre dans cette optique utopique du monde pur, meilleur, vrai, loin de la mondialisation et de son capitalisme avide de pouvoir. Après avoir revu un classique du voyageur, Into the wild, les émotions me remontent à la gorge. Un jeune diplômé, Christopher, quitte tout, sans laisser d'adresse, pour vivre, avec seul bien matériel son sac à dos. J'y ai vu une parcelle de moi-même, mais aussi plusieurs personnes rencontrées dans l'idyllique Colombie-Britannique, et plus encore dans les yeux de ceux qui viennent pourfendre le ciel arctique. Moi qui suis venue vivre dans mon rêve d'enfance, parce que Jack London a fait de ce pays un rêve, je retrouve au visionnement de ce film ce qui peut-être motive inconsciemment une bonne partie de la population yukonnaise d'origine occidentale: être ailleurs dans ce qu'il y a de vrai, sentir qu'on appartient à quelque chose de plus grand, de plus fort et de totalement humble: la nature. Cette nature qui est la seule à pouvoir enfin nous faire sentir loin du mensonge propre à l'humain, de son côté mesquin et prônant la performance. Ce qui différencie l'immigrant des pays pauvres, en quête d'une aise matérielle, échappe ici à ceux qui sont nés dans cette mer d'abondance; ils ont compris que tout l'or du monde ne peut illuminer leur intérieur et l'apaiser de sa rage, de sa peine. Comme si le fait de tout posséder nous dénudait, les mains vides devant l'immense fragmentation sociétaire de l'urbanisme occidental et de sa surconsommation. Remplir son vide par le trop-plein aux yeux qu'offre la grandiloquence de l'hiver, l'immortalité de ses montagnes, devient alors la solution idéale. Devenir humble devant ce que nous sommes; des petites bulles de vie frôlant à peine l'histoire du temps. 
Mais sommes-nous si imbus de nous-mêmes pour y croire totalement? 
L'histoire vécue de Christopher nous dit autre chose par rapport à ce beau rêve de vivre en connexion avec la nature, loin de l'homme et de sa propre origine. La nature a sa loi, chez l'homme comme chez le fauve: la mort. A vouloir trop s'affranchir de ses semblables et de la connaissance qu'apportent les relations humaines, Christopher a mis le monde entier dans le même panier que ses parents, oubliant qu'il y a du bon chez cet animal social qu'est l'humain. C'est ici qu'on peut se demander à quel moment les idées extrémistes détruisent. Christopher est allé à l'autre extrémité des valeurs enseignées dans notre société américaine et comme dans chaque doctrine, ce qui en résulte est l'anéantissement du rêve qu'elle veut engendre, puisqu'elle ne laisse place à aucune autre possibilité. 
Et vous, êtes-vous venu fuir ou construire, en toute conscience de causes, ce qui vous a vraiment fait immigrer sous les aurores boréales?

mardi 13 septembre 2011

9. Entre expatriés.


La ville était embrumée, tout comme mon esprit à l'heure actuelle. Nous étions un petit groupe, même pas une dizaine. Il y avait les expatriés français, tous titulaires du Permis Vacance Travail, et le clan des "gardiennes", dont je fais actuellement partie n'ayant pas encore validé mon précieux sésame. Après avoir pensé se retrouver autour d'une bière dans un des pubs de la ville, histoire de côtoyer quelques bûcherons viriles aux chemises à carreaux, nous avons finalement opté pour une soirée nature. Et ce soir, j'ai enfourché mon vélo avec un certain plaisir.

Après quelques moments d’égarements, nous voilà installés au bord de la Yukon River, parés à explorer les environs à la recherche de bois mort afin de démarrer notre feu de camp. Après maintes efforts, le feu est suffisamment lancé pour nous permettre de griller nos guimauves et de faire chauffer nos bananes-chocolat. Yukon Beer en mains, ce soir, notre petit groupe trinque au Yukon. Nous ne nous connaissons pour la plupart pas du tout, ou très peu. Personnellement, j'ai connu l'existence des 3/4 des personnes présentes par simples échanges de messages via la bible de tout PVTiste, à savoir le forum. L'ambiance est bonne enfant, nous discutons de nos expériences passées, et bien sûr de notre amour pour ce bout de paradis. Ce qui est plaisant, c'est de pouvoir discuter avec chacun, de tout et de rien.

En pleine conversation sans queue ni tête, un bruit étrange nous provient du petit bois alentour. Regards inquiets échangés, certains plaisantent -et j'en suis la première- sur la présence d'un ours. Le bruit se fait plus distinct et tout à coup, un arbre se met à entreprendre une chute vertigineuse vers le sol. Il a atterri avec fracas. Torches en mains, nous nous approchons tous de l'endroit d'où le bruit provenait, pas vraiment rassurés. Et là où l'arbre gisait, un castor était en train d'en faire son affaire. Il n'a même pas prêté attention à nous et a continué de diviser l'arbre qu'il venait d'abattre en plus petits tronçons. Il entreprit ensuite de déplacer ces derniers à la force de sa mâchoire. Impressionnant, très impressionnant, la capacité que ces petites bêtes ont à abattre des arbres entiers avec leurs dents. Mais encore plus impressionnant la force qu'ils ont à les tirer sur des mètres et des mètres.

Remis de nos émotions post-castors, nous retournons à notre campement. Après l'inquiétude, place aux rires. Je lève la tête vers ce ciel étoilé, consciente de ma chance. J'y aperçois ce qui me semble être une lueur verte. Je souris machinalement d'un air niais. L'idée me traverse l'esprit qu'il pourrait s'agir d'une aurore boréale, mais je n'en dis pas un mot, à demi certaine d'être victime d'une hallucination. Quelques minutes plus tard, je plonge de nouveau les yeux dans ce ciel étoilé et constate que la lumière verte est toujours présente mais semble s'être déplacée. Je me tente à prononcer ma théorie à voix haute. Quatorze paires d'yeux sont maintenant braquées vers le ciel et ma théorie rencontre un franc succès. Nous passons les prochaines minutes à observer le ciel et la lueur verte se fait plus dense. Wahou. Il s'agit bel et bien d'une aurore boréale. L'excitation est à son comble dans notre petit groupe. Pour la majorité d'entre nous, il se trouve être notre première expérience du phénomène. Ce dernier ne durera pas très longtemps, mais suffisamment pour nous rendre euphorique.

Pour avoir partagés ce moment avec elle, Dame Nature nous aura bien récompensés ce soir: Nestor le castor et une rencontre avec la belle Aurore. Cette soirée est une belle leçon de vie pour moi. Parfois, les moments les plus anodins -une simple rencontre entre expatriés- peuvent devenir les plus magiques. Et ce moment restera maintenant à jamais gravé dans mon esprit.

Cependant, de retour avec ma solitude, je ne peux m'empêcher de penser à toi ce soir. J'aurais tellement aimé partager cet instant magique avec toi. J'aurais tellement voulu m'émerveiller devant ce filet verdâtre à tes côtés. J'aurais tellement apprécié de m'endormir dans tes bras ce soir, le sourire aux lèvres d'un accomplissement personnel... Et mon coeur me crit un jour, peut-être. Après tout, tu m'as dit que tu viendrais ici la voir, cette Aurore. Et quelque part, j'espère que tu souhaitais me dire, à ta manière, que tu viendrais pour me voir.

lundi 12 septembre 2011

8. Haines et l'Alaska Highway.


Je reviens d'un week-end passé en camping où je suis virtuellement morte une bonne cinquantaine de fois. Certains meurent de chagrin, je me meurs de joie.
J'ai actuellement sur mes lèvres un sourire niais dessiné. Ce genre de sourire qu'il semble impossible d'arracher. Des pépites d'or pleins les yeux, je suis morte de milliers de petites crises cardiaques, le coeur serré si fort par l'émotion.
Nous nous sommes rendus à Haines, en Alaska. Pour se faire, nous avons dû emprunter -entre autres- l'Alaska Highway. Rien que d'écrire son nom me parcoure de frissons. Cette route est une pure merveille de la nature. Je me suis surprise à discrètement me pincer tout au long de ce séjour, juste pour être certaine qu'il ne s'agissait pas d'un rêve mais bel et bien d'une réalité, ma réalité.
Si grimper les monts alentours de Whitehorse m'a permis de me rendre compte à quel point l'immensité de la nature règne sur ce coin du monde, partir sur les routes direction l'Alaska me l'a confirmé. Pour atteindre Haines depuis Whitehorse, il nous a fallu parcourir 393km. Durant ces nombreux kilomètres, rares furent les moments où nous avons croisé signe de civilisation. Une petite ville par ci, un poste frontalier par là, et la nature tout autour de nous. Ce vert, ce bleu, ce silence, ces montagnes, cette eau calme et limpide... j'en pleurerais de joie.

Sur le chemin du retour, c'est un peu stressée que je me suis présentée au poste frontalier. Mon tampon de touriste obtenu quelques semaines plus tôt à Montréal à l'intérieur, j'ai tendu mon passeport en ayant peur que le douanier ne m'arrache le bras. Toutefois, toujours sous l'effet d'insouciance que les paysages provoquent en moi, je n'en ai rien laissé paraître. Après quelques questions formelles, le douanier me rend mon passeport sans même me décrocher un sourire. Tout sourire, un peu trop peut-être, je le récupère et m'en retourne guillerette vers la voiture. Je vais pouvoir continuer à jouir de mon statut de touriste pour quelques temps.